
Contexte et préparatifs
A la fin de ma première année d’étude j’ai eu la chance d’être sélectionnée pour effectuer un stage au Pérou. Enfin, l’idée c ‘était plutôt d’effectuer mon stage de 3 semaines et d’utiliser ensuite l’argent gagné pour faire un tour du Pérou les 3 semaines suivantes !
A l’époque j’habitais à Paris mais, en bonne dénicheuse de bons plans que je suis, j’ai trouvé des billets beaucoup moins chers en partant de Londres.
J’ai donc réservé un Paris-Londres en Eurostar tôt le matin et un Londres- Lima en avion tard le soir avec 6h de battement entre les 2, ce qui me laissait une marge confortable en cas de retard.
Faux départ
Le jour J j’embarque donc dans mon Eurostar.
Celui-ci s’arrête au bout d’une petite heure. La matrice (l’équivalent de la locomotive) avait pris feu. Pas un feu « dangereux » qui menace de bruler tout le train (et nous avec) ; mais un feu au niveau d’un moteur qui a vite été maitrisé.
Enfin, pas si vite, puisqu’on circulait ensuite avec 2h de retard.
Mais bon, rien d’inquiétant à ce stade puisque j’avais encore 4 longues heures de marge devant moi….
Panique à bord
Le train repart et se ré arrête quelques instants plus tard en nous disant que, à cause du problème moteur, on venait de se voir refuser l’accès au tunnel (sous la manche).
Ils nous ont donc tous fait descendre sur les voies pour attendre un autre Eurostar, qui lui, aurait le droit de traverser le fameux tunnel.
C’est là que j’ai commencé à paniquer un peu : il ne me restait plus que 1h entre l’heure d’arrivée théorique du train et la fin d’enregistrement des baguages.
Sachant que Londres est immense et que, de transiter entre la gare et l’aéroport, est quand même relativement long…
Ouf
J’avais potassé mon sujet donc je savais exactement quel métro prendre ensuite pour rejoindre l’aéroport.
Dès l’arrivée de l’Eurostar je saute donc hors du train et je me précipite pour attraper le fameux métro que j’avais repéré. Je trouve le quai rapidement mais je réalise qu’il y a en fait 2 arrêts différents pour l’aéroport… Je demande donc à la guichetière qui me dit que c’est le 2eme arrêt qui correspond à ma compagnie aérienne.
Je monte dans le train, je regarde l’heure et là je me dis : OK ça va, j’aurais 25minutes pour trouver le comptoir d’enregistrement !
Et non !
A la décente du train, j’ai beau chercher, impossible de trouver mon comptoir, je cherche 10 bonnes minutes puis je demande à un agent qui me dit qu’en fait il fallait descendre à l’autre arrêt….
La blague… Je boue intérieurement…
Je retourne sur le quai et là je vois « « prochain train dans 10 minutes ».
Il ne me restera donc que 5 minutes pour trouver le bon comptoir… autant dire mission impossible…
Bon ben il va falloir courir…
Il faut savoir que pour ce magnifique voyage, mon père avait absolument tenu à me refourguer sa grosse valise de quand il était jeune. Sachant que sa jeunesse ne datait pas d’hier, je me trainais donc une vieille valise de 20kg (la moitié du poids, je pense, devait être celui de la valise vide) avec une espèce de poignée en T que l’on glisse entre les 2 doigts. Sauf que, à force de la tirer et de courir, j’avais l’entre-doigt en sang et le dos en compote.
Le bout du tunnel !
Bref, le train arrive à destination, je me précipite, j’aperçois mon comptoir. Je vois qu’il y a encore des gens dans la queue.
OUFFF, je vais pouvoir partir ! Je m’installe dans la queue, soulagée.
Là, un agent de la compagnie viens me voir et me demande de sortir de la queue.
????
Je lui demande pourquoi, il me dit qu’ils acceptaient les passagers jusque 23h15 et que j’étais arrivée à 23h17.
Au début je crois à une blague : je suis dans une queue avec des gens juste devant moi donc, même si j’étais arrivée 2 minutes plus tôt, j’aurais été exactement au même endroit !
J’insiste avec les larmes aux yeux mais le monsieur ne veut rien entendre. Il me dit d’aller au comptoir de la compagnie a l’autre bout du terminal pour qu’ils m’échangent mon billet pour le vol du lendemain.
Je me rend donc au comptoir de la compagnie. La, l’hôtesse m’explique que les billets des personnes non enregistrées à 21h15 avaient été réattribués a des passagers en attente, et que donc je ne pouvais plus prendre ce vol. Elle me demande de revenir le lendemain matin 6h pour trouver un autre vol car là, ils étaient en train de fermer….
La rencontre
Je suis abasourdie, je suis à Londres toute seule et j’ai raté mon avion….
Je crois qu’à ce moment-là j’ai craqué et j’ai commencé à pleurer en évacuant tout le stress de la journée.
Un homme, qui était à côté de moi, a commencé à vouloir me réconforter « ça va aller », «ne t’inquiète pas ». Il était pasteur et me proposait de m’héberger gratuitement dans son église pour la nuit… Mouai….
Je décline poliment et puis je dégaine mon téléphone pour appeler ma mère et lui expliquer la situation.
Je lui dis que j’ai raté mon avion, que je vais rester à l’aéroport jusqu’au lendemain matin et je lui raconte qu’un taré m’a proposé de dormir dans son église et la PAF… plus de batterie.
Je sors mon chargeur pour recharger mon téléphone mais les prises anglaises ne sont pas les mêmes qu’en France… Je cherche donc à acheter un adaptateur mais les rares boutiques qui sont encore ouvertes n’en vendent pas.
Le mec bizarre n’arrête pas de me suivre et d’insister pour son église. Je décide donc de ne pas dormir dans l’aéroport mais de prendre un hôtel pour la nuit.
30minutes plus tard me voilà installée dans une chambre de l’hôtel attenant.
Je demande à la réception un adaptateur, il n ‘en ont pas.
Je leur demande de passer un appel à l’international, ils ne veulent pas (trop de gens sont partis sans payer).
Je tente la cabine téléphonique du quartier, hors service.
Quand ça veut pas, ça veut pas…
Il est 1h du matin, je décide de laisser tomber et d’aller me coucher.
Arrestation
Le lendemain, debout 5h pour être à 6h au guichet de la compagnie.
Je m’installe dans la queue, et là… on me tapote sur l’épaule.
Je me retourne et je vois 5 agents de police en uniforme. L’un d’eux me demande « Cécile, french lady ? », je réponds oui et ils me demandent de les suivre.
Là j’ai complètement paniqué… J’ai commencé à imaginer qu’on m’avait glissé de la drogue dans ma valise en mode Bridget Jones…
Les agents me demandent de les suivre, je leur demande de m’expliquer, ils ne me disent rien et m’embraquent dans une voiture.
En passant devant l’accueil du commissariat, je vois ma photo accrochée sur un tableau de liège…
C’est quoi ces conneries ???
Explications
Ils m’installent dans un bureau et me laissent seule un bon moment.
Il faisait hyper froid et j’étais super angoissée.
2 agents reviennent et commencent à me poser des questions.
Je leur dis que j’ai froid, ils me disent qu’ils allumeront le chauffage quand j’aurais répondu à leurs questions (là je me dis : m*** serait-ce une méthode de torture ??)
Bref, je leur raconte ma soirée d’hier et, au fil de l’histoire, je les sens se détendre et commencer à sourire.
En fait, ils m’expliquent que mes parents n’arrivant pas à me joindre ont appelé l’aéroport. L’aéroport a visionné les caméras de surveillance et m’ont vu parler avec le pasteur qui était en fait recherché par Interpol pour trafics en tous genre.
Mes parents, en apprenant ça, ont paniqués et sont allé signaler ma disparition au quai d’Orsay qui a émis un avis de recherche international (non, ils ne sont pas du tout excessifs !) .
Comme ma mère leur a dit que je devais passer la nuit a l’aéroport, ils ont passé la nuit à le fouiller pour me trouver…
Et, quand ils m’ont interpelée, ils voulaient être sûr que je n’étais pas la complice du pasteur trafiquant.
Dénouement
Une fois que les choses ont été claires, ils ont été beaucoup plus sympas : ils ont monté le chauffage, m’ont offert le petit déjeuner et m’ont raccompagnée jusqu’au comptoir ou ils m’avaient récupérée.
La compagnie aérienne, elle, n’a pas été capable de me proposer une solution : le seul vol qu’ils me proposaient étaient 15 jours plus tard….
J’ai donc dû racheter un billet Londres-Barcelone et Barcelone-Lima et tout est finalement rentré dans l’ordre. J’ai d’ailleurs passé un super séjour au Pérou !
Ah si ! dernière anecdote rigolote : pour mon vol Londres-Barcelone, le poids maximum autorisé était 15kg pour la valise, j’ai donc dû me délester de 5kg de bagage en abandonnant cosmétiques, vêtements, chaussures en plein milieu de l’ aéroport …
Je peux vous garantir que je n’ai plus jamais voyagé avec cette maudite valise !